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Yasmina Ouegnin, une députée iconoclaste


Yasmina Ouegnin
Yasmina Ouegnin

Pour ceux et celles qui la surnomment affectueusement YAS, la députée de Cocody, une petite commune d’Abidjan, chic et huppée est une belle jeune femme "programmée génétiquement" comme elle a coutume de le dire, pour faire de la politique.


Militante du Pdci/ Rhdp, c’est en tant que candidate indépendante que la trentenaire a été réélue pour un second mandat à plus de 56% du suffrage lors des dernières élections législatives ivoiriennes de décembre 2016 sur la liste « Ensemble pour Cocody ».

Suspendue par son parti pour cause d’indiscipline au profit du ministre de la communication, la députée a gagné la confiance de chaque habitant de la commune pour sortir haut les mains de ce scrutin qui a cristallisé les vieux démons du pouvoir en place.

Malgré les chantages, les menaces et autres insultes l’élue, fille à papa est sortie victorieuse des coups bas.

Elle n’est pas une suiveuse encore moins une bénie oui-oui.

Lors de son premier mandat, elle fait clairement savoir au parti qu’il faut plus de démocratie. Elle dit "Niet" quand tout le monde crie "Oui".

Jeune certes, mais pas prête à faire la part belle aux caciques du parti, Pdci, Rdr* et autre Rhdp*. Elle sait où elle va et surtout ce qu’elle veut.

Pour être élue, elle a bataillé dans cette élection où les jeux étaient déjà pipés.

Membre active du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci), Yasmina Ouégnin est élue député de la commune de Cocody lors des élections législatives de 2011, à l'âge de 32 ans ; plus jeune député de l'Assemblée Nationale de Côte d'Ivoire.

Et c'est à 35 ans, que Yasmina s'inscrit à contre courants en 2016, sur la liste des députés ayant voté "Non" au projet de loi qui fait entrer la Côte d'Ivoire dans la troisième République.

Avec son équipe, elle sillonne les coins et recoins de la commune, explique aux populations comment voter et surtout surveiller le scrutin afin d’éviter les tripatouillages de l’adversaire Affissatou Bamba, ministre de la communication parachutée d’Abobo (banlieue d’Abidjan) à Cocody et qui d'ailleurs a vite fait d’annoncer sa victoire avant que la Commission électorale indépendante (Cei) ne remette les pendules à l’heure.

Cette détermination et cette rage de gagner, Yasmina Ouégnin les puise dans son parcours, son enfance et son éducation.

Diplômée d’une école de commerce d’Abidjan, Yasmina Ouégnin est à la tête d’une société de courtage en assurance où elle fait ses preuves.

Elle grandit aussi à Cocody entourée de sa famille et de ses amis.

Celle qui allie la beauté, la jeunesse et la grâce est née sous une bonne étoile un certain 8 juin 1979 à Boulogne loin de la lagune Ébrié mais proche de la Seine.

Elle n’a pas connu les bas fonds de Williamsville, encore moins les quartiers précaires d’Attécoubé ou de Boribana.

La petite dernière, cinquième enfant de l’Ambassadeur Georges Ouegnin, Directeur du protocole d’État de la République de Côte d’Ivoire durant quarante un ans, connu et reconnu, fidèle parmi les fidèles, a certainement hérité du charisme de son père.

Celle qui a eu pour parrain le premier président de la Côte d’ivoire Félix Houphouët Boigny,

a gardé une certaine proximité et une espèce d’humilité qu’on retrouve rarement chez les enfants nés avec une cuillère d’argent dans la bouche.

Grâce ou à cause de toutes ces qualités, son entrée sur la scène politique ivoirienne a été relativement facile.

Son nom n’a pas été un frein mais au contraire une chance parce qu’elle a justement cette façon d’être proche des autres.

Peu à peu, elle a montré et démontré à la jeunesse ivoirienne qu’on pouvait être femme, fille à papa, espèce de bourgeoise et rester humble. C'est ainsi que les jeunes de tous bords politiques apprécient YAS.

Par ailleurs, lorsqu’on veut faire de la politique sous les tropiques, mieux vaut avoir un soutien, des sponsors, des références.

Yasmina la candidate indépendante a beau avoir le soutien de la population de Cocody, il n’en demeure pas moins qu’elle a failli être recalée de façon inopportune et antidémocratique par le camp adverse.

Discréditée par le parti, pour s’être opposée clairement à la nouvelle Constitution et d’autres mots d’ordre, sa victoire a failli être volée par le pouvoir en place.

Son père a d'ailleurs été clair et ferme.

Celui qui mettrait « du sable dans l’attiéké » de sa fille aurait des comptes personnels à lui rendre.

Le patriarche sait se faire obéir dirait l’autre Les politologues lui président un avenir prometteur à très long terme.

En attendant, elle siège à l’Assemblée nationale ivoirienne et n’est pas prête de suivre les uns et les autres comme des moutons de panurge.

Dans tous les cas, c’est une nouvelle génération d’hommes et de femmes politiques qui doivent désormais proposer des avancées significatives pour le peuple.


PDCI : Parti démocratique de cote d’ivoire fondé en 1946 devenu parti politique 1960
RDR : Rassemblement des républicains fondé en 1994, par des frondeurs du PDCI
RHDP : Rassemblement des houphouétistes pour la Démocratie et la Paix, coalition de parti fondée en 2005


Tikishia T DIGBEU


Publication : 07-2017

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