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La foudre est tombée


Usain Bolt
Usain Bolt

Il aura certainement marqué l’histoire de l’athlétisme et du sprint. Si la fin de sa carrière est loin d’être une réussite, Usain Bolt est définitivement un grand champion.

Mais il aurait pu être plus grand encore.

Usain Bolt est humain.

C’est ce qu’ont dû se dire bon nombre d’observateurs de la scène sportive lorsque le 5 août  2017, ils l’ont vu finir à une peu glorieuse 3e place lors de la finale du 100m des championnats du monde d’athlétisme de Londres.

Stupeur dans cette arène qui l’avait vu briller, mais aussi colère de voir Justin Gatlin, l’ancien banni, le dopé repenti, remporter l’or devant Christian Coleman et Bolt.

"Lightning Bolt", "L'Éclair", "La Foudre", celui dont le nom suffit à électriser le public dans les stades où il a laissé sa marque, a perdu un 100m ?

Sacrilège ! Cela n’était plus arrivé depuis tellement de temps !

Mais tous étaient encore optimistes de voir le sprinter jamaïcain réussir la toute dernière course de sa carrière. Les fans de Bolt attendaient donc le relai 4x100 mètres pour saluer le retrait définitif de leur idole. Que nenni ! Il ne terminera pas la course, victime, même si le doute demeure, d’une blessure qui le laissa allongé quelques secondes sur le tartan de cette piste qui l’avait sacré roi en 2012 lors des Jeux Olympiques. Comme Zinedine Zidane en 2006, Usain Bolt venait de rater sa sortie.

Car l'athlète jamaïcain a régné sans partage sur le milieu des sprinteurs.

Un règne hors-normes, et c’est cela, finalement, le plus important.

9’’58 soit 37,58 km/h ! Au propre comme au figuré, l’enfant né en 1986 à Trelawny, une des quatorze paroisses de la Jamaïque, a fait tomber la foudre.

Car parler d'Usain Bolt et de sa carrière implique forcément de faire un détour par Berlin.

On est en 2009, un an après le record du monde (alors à 9"69) établi sur 100 mètres aux Jeux Olympiques de Pékin... déjà par l'athlète jamaïcain, qui détenait d'ailleurs la précédente marque, à 9"72.

Toutefois, aux mondiaux d'Allemagne, le sprinteur va encore repousser ses limites sur la piste bleue du Stade Olympique. 9"58 soit 37,58 km/h de moyenne, avec une pointe de vitesse à 44,7 km/h.

C'est la première fois qu'un athlète passe sous la barre des 9"70, et même sous la barre des 9"60. Oui, la foudre venait de tomber sur Berlin, cette ville où Jesse Owens avait déjà subjugué le monde en 1936 au nez et à…la moustache d’Adolf Hitler.

"Je sais que je peux courir en 9"40. Je pense que je m'arrêterai à ce chrono", déclare Usain Bolt après sa course.

Quelques jours plus tard, cette fois sur 200 mètres, le Jamaïcain établit un nouveau record du monde à 19"19. Il améliore ainsi de onze centièmes le précédent record établi un an plus tôt à Pékin.

Durant ces deux années, Usain Bolt règne sans partage sur les épreuves reines du sprint.

Huit ans après, personne n'a dépassé ses records.

‟Depuis le début, j'ai été le meilleur. Pour moi, c'est une preuve suffisante de mon talent”, lance-t-il à ceux qui ont des doutes sur ses performances.

Révélé lors des championnats scolaires de Kingston en 2001 alors qu’il n’a que 14 ans, Usain Bolt est le symbole de celui qui est arrivé au sommet par son talent et les qualités naturelles. Rarement on l’a entendu parler d’entrainement, de travail Il aurait pu effectivement battre de nouveaux records, mais il n’a jamais été un bosseur. L’athlète s’entrainait certes mais n’était guère un bourreau de travail. Il n’aimait ni se faire mal à l’entrainement ni avoir mal.

Plutôt bon vivant, le Jamaïcain aimait la fête, les virées nocturnes et se reposait donc très peu. Sauf que le corps a ses propres lois. Ce qu’il supportait à vingt ans, il le fait moins à trente ans, l'athlète a ainsi commencé à se blesser plus fréquemment.

Ce qui explique ses deux dernières saisons en dents de scie. Et une fin de carrière peu glorieuse qui, au final, n’aura étonné que ceux qui ne connaissaient que le Bolt, l'homme éclair. Pas ceux qui connaissaient son côté obscur.

Le champion était un grand talent qui n’aimait pas le travail. Or, comme le disait en substance Georges Brassens, sans travail un don ou un talent n’est rien qu’une sale manie.

Si Gatlin, trente cinq ans, suspendu quatre ans pour dopage, est devenu le plus vieux champion du monde du 100m en battant Bolt, c’est que l’Américain, contrairement au Jamaïcain, a travaillé. Et ça a payé.

Malgré tout, Usain Bolt restera dans nos cœurs comme le roi incontesté du sprint.

Ce héros après lequel la Jamaïque courait depuis la mort d’un certain Bob Marley en 1981.

Il restera la foudre qui est tombée sur les têtes de ses adversaires.

Avant de tomber lui-même de tout son long un soir d’été londonien.

Salut champion !


Samuel Hamann


Publication : 07-2018

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