La Secrétaire Générale de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Michaëlle Jean, s'est rendue octobre 2017 dans la capitale sénégalaise pour une mission sous le signe de l'éducation inclusive, la formation professionnelle et l'innovation. A l'heure où le chômage de masse est un facteur majeur de la crise migratoire qui secoue actuellement l'Afrique et l'Europe, cette mission a pour but d'optimiser les actions des différents partenaires de l'OIF.
Pour ce faire, elle a eu à cœur de mettre en œuvre la synergie des
acteurs nécessaires à l'insertion professionnelle des jeunes.
Accueillie à son arrivée par Mbagnick Ndiaye, le ministre sénégalais de l’Intégration africaine, du Nepad et de la Francophonie, Michaëlle Jean effectue ce déplacement principalement afin d'inaugurer les locaux de l’Institut de la Francophonie pour l’Education et la Formation (Ifef). C'est un organe subsidiaire de l'Oif, dont la création avait été décidée en 2014, par les chefs d'Etat et de gouvernements. Il a pour vocation d'établir aux pays membres de la Francophonie, une évaluation de leurs politiques éducatives, en vue d'optimiser une véritable éducation inclusive. Mais c'est surtout un dispositif destiné à mutualiser les expertises des différents organes de la Francophonie, pour harmoniser leurs actions. Ce qui leur permet de gagner en innovation et efficacité, afin de répondre "à l’urgente nécessité de formations professionnelles débouchant sur des emplois stables et décents" selon la Secrétaire Générale de l'Oif.
Ainsi, le 12 octobre dernier au siège de l'Ifef, Michaëlle Jean, accompagnée du président de la République sénégalaise Macky Sall et d'autres personnalités politiques, rappelle l'enjeu de taille que représentent l'éducation et la formation professionnelle en Afrique. Comme elle le souligne lors de son discours, "263 millions d’enfants, d’adolescents ne sont toujours pas scolarisés, des millions de filles sont encore condamnées, parce qu’elles sont des filles, à ne jamais mettre le pied dans une salle de classe. Alors, investir dans une éducation et une formation inclusive et de qualité, dans l’insertion professionnelle des jeunes, n’est pas une priorité parmi d’autres.
C’est la condition du succès, de la réussite, le Tekki, comme on dit en wolof, des efforts que nous déployons, pour un développement humain et économique durable, équitable et responsable, pour une croissance inclusive, pour l’affermissement de la démocratie, des droits et des libertés, pour la sécurité et la stabilité du monde".
Alors, dans le but de garantir une réussite optimale à sa mission, la Secrétaire Générale ne s'arrête pas à la seule inauguration de l'Ifef. Elle visite également plusieurs sites au Sénégal, tels que la centrale photovoltaïque de Malicounda, l'Agence universitaire de la Francophonie, la Maison de la Francophonie de Ngoundiane, ou encore le Ctic de Dakar en matière d'innovation. C'est un incubateur en vogue à Dakar et spécialisé dans les technologies de l'information ; son objectif est de maximiser la croissance des jeunes entreprises, à travers une expertise complète (networking, marketing, coaching, formation...).
Ce qui le place parmi les partenaires privilégiés de la Francophonie.
Au delà des visites de centres partenaires de l'Oif durant son séjour, Michaëlle Jean a aussi présidé la Conférence des ministres en charge de la Formation Professionnelle et Technique. Ceci, pour marquer la nécessité d'agir vite pour la jeunesse, car "dans beaucoup de nos pays, plus de la moitié voire 60 % à 70 % de la population a moins de 30 ans et le chômage chronique des jeunes est un scandale" dit-elle.
Une récompense honorable "au nom de tous les migrants du monde" Le séjour ensoleillé de Michaëlle Jean s'achève le 14 octobre, sous les honneurs à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), avec la remise du titre honorifique de "Docteur Honoris Causa".
Une initiative de Cousson Traore Sall, directrice du Centre d'Etudes des Sciences et Techniques de l'Information (Cesti) et Ibrahima Thioub, le recteur de l'Ucad.
D'ailleurs, ce dernier n'a pas manqué de faire savoir que ce titre élève la Secrétaire Générale de l'Oif au "rang d’illustres prédécesseurs comme Nelson Mandela, le roi Hassan II et le président
portugais Marcelo Duarte De Sousa". C'est un honneur qu'elle reçoit "non pas comme un accomplissement mais comme un encouragement à persévérer dans mon combat contre les injustices et les inégalités ".
Elle dédie son titre à "tous les migrants du monde". Une cause à laquelle elle se sent particulièrement sensible, après avoir fui à l'âge de dix ans, son pays natal Haïti, à l'époque sous le régime de François Duvalier.
Elle met donc un point d'honneur à réhabiliter à la fois l'image et les droits des migrants ; "nous avons tardé, il est temps d’agir, de réagir pour le respect des droits des migrants. Ce droit, je le revendique devant vous au nom des migrants.
L’Europe a l’obligation morale et éthique de prendre ses responsabilités face aux flux de migrants qui fuient leurs pays en espérant trouver refuge sur sa terre".
Force est de constater que le déplacement de la secrétaire Générale de l'Oif au Sénégal s'est déroulé sans encombres avec pour point d'orgue sa distinction Docteur Honoris Causa de l'Ucad. Entre devoir professionnel et convictions personnelles, elle a accompli sa mission en misant sur le capital humain que représentent les jeunes africains.
Ceci, avec la volonté "d'accroître l’aide au développement pour que l’on puisse en finir avec cette idée de l’envahissement de l’Europe par des hordes de migrants".
Fatouma Garba
Publication : 07-2018