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Le prochain pape sera-t-il africain ? Une Église en quête d’équilibre


Un pape africain
Un pape africain

Alors que la majorité des catholiques vit désormais dans le Sud global, 

de plus en plus de voix s’élèvent pour appeler 

à un pape issu de ces régions.
Portrait d’une Église en transformation – 

et des cardinaux qui pourraient incarner ce renouveau.


Linda Libaï


Un déplacement du centre de gravité catholique


Au fil du XXe siècle, le catholicisme a connu une profonde mutation géographique.
Si l’Europe fut longtemps le cœur battant de l’Église, aujourd’hui, 70 % des catholiques vivent dans le Sud global : en Amérique latine, en Afrique et en Asie.
Le Brésil est le pays comptant le plus grand nombre de catholiques.
L’Afrique connaît la croissance la plus rapide du christianisme, portée par une population jeune, fervente et dynamique.
Et pourtant, dans les arcanes du Vatican, l’Europe reste surreprésentée.

Qui élit le pape ? Les cardinaux électeurs

Le pape est élu par un conclave de cardinaux de moins de 80 ans.
Ils sont actuellement environ 130. Depuis 2013, le pape François a cherché à rééquilibrer les origines géographiques de ce collège.


Il a nommé de nombreux cardinaux issus de pays « périphériques » comme la Mongolie, le Timor Oriental, ou encore la République démocratique du Congo.

Ce choix n’est pas anodin : François veut une Église « en sortie », proche des pauvres, des oubliés, et des marges du monde.

Trois papabili africains pour un changement historique !

Parmi les cardinaux qui pourraient succéder à François, 3 figures africaines se distinguent :


° Le Cardinal Fridolin Ambongo Besungu (RD Congo) Archevêque de Kinshasa depuis 2018.


65 ans, Franciscain, figure charismatique, très proche du peuple, il est engagé sur les questions sociales, écologiques et politiques.

Il est le porte-voix de l’Afrique au synode sur la synodalité. il incarne pour beaucoup, une Église libre, prophétique et enracinée.

° Le Cardinal Peter Turkson (Ghana)


76 ans, Ancien bras droit du pape François sur les questions sociales et environnementales, c'est un théologien respecté, proche du monde diplomatique et académique.

Très actif sur Laudato Si’, la doctrine sociale de l’Église, et les enjeux de justice globale, c'est un « diplomate de Dieu » avec une vision globale et une forte légitimité vaticane.

° Le Cardinal Robert Sarah (Guinée): Une Figure Traditionaliste au Cœur de l'Église Catholique)


79 ans et, originaire de Guinée, c'est l'une des figures les plus marquantes de l'Église catholique contemporaine pour sa défense passionnée de la tradition.

Il a occupé des postes clés au Vatican, notamment celui de préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, ce qui lui a permis de marquer son empreinte sur l'Église romaine.


Une Vision Traditionnaliste Forte


Son engagement en faveur d'une liturgie plus solennelle et respectueuse des traditions anciennes fait de lui une figure respectée parmi les catholiques traditionalistes.

Le Cardinal Sarah plaide ainsi pour une célébration de la messe tournée vers l'Orient, un geste symbolique qui rappelle l'orientation traditionnelle de la prière chrétienne.
Il défend également l'idée de recevoir la communion à genoux, plus respectueuse du sacrement.


Cette vision traditionaliste, parfois critiquée par les progressistes, trouve un écho particulier chez de nombreux catholiques désireux de préserver l’intégrité des rites et de la doctrine de l'Église face à une modernité souvent jugée déstabilisante.


Un Point Délicat pour sa Candidature: sa position sur les questions éthiques


Une des pierres d'achoppement pour le Cardinal Sarah dans son parcours vers la papauté réside dans ses positions fermes sur des questions éthiques clés. il est opposé à l'avortement, au mariage homosexuel et à l'euthanasie.

Bien que respecté parmi les catholiques traditionalistes, ses opinions tranchées paraissent trop rigides dans un monde où des évolutions sociales et culturelles sont de plus en plus présentes.


Sa vision de la morale et de la doctrine de l’Église sur ces sujets pourrait déplaire à ceux qui, au sein du Vatican, souhaitent un plus grand espace pour la réflexion et l’ouverture, notamment concernant des questions comme la pastorale envers les couples homosexuels ou les réformes liturgiques.


C'est un Papabile Respecté, Mais...


Le Cardinal Sarah est indéniablement une figure de proue du conservatisme catholique, et son influence s'étend au-delà des frontières européennes. Si son nom est souvent cité parmi les papabili, il bénéficie d'un soutien particulier en Afrique, son continent d'origine.

En tant que cardinal guinéen, il représente la vitalité de l'Église en Afrique, un continent où la foi catholique connaît un essor remarquable.


Un pape africain serait un symbole puissant de cette croissance et une reconnaissance de l'importance de l'Afrique dans l'avenir de l'Église catholique.


Un Influenceur Clé, Mais Pas Le Favori


Quelques facteurs pourraient nuire à ses chances d'être élu pape. 
Son âge 79 ans, pour ceux veulent un pontificat long. Son approche conservatrice pourrait diviser les cardinaux plus proches des idées du pape François, ceux nommés sous son pontificat et qui qui privilégient une vision plus réformatrice de l'Église. S'il ne semble pas le plus probable pour succéder à François, il reste, sans aucun doute, une figure incontournable dans les discussions sur l'avenir de l'Église en particulier pour de nombreux catholiques qui souhaitent une Église fidèle à ses traditions et à ses fondamentaux.

Un pape du Sud : au-delà du symbole

Choisir un pape africain, ou plus largement venu du Sud, ce n’est pas simplement un geste symbolique.


Ce serait reconnaître la réalité démographique du catholicisme mondial; Redonner une voix aux régions trop longtemps marginalisées dans l’Église et Apporter une sensibilité nouvelle aux défis contemporains : migration, pauvreté, dialogue interreligieux, écologie, etc. ce serait aussi une manière de prolonger l’intuition du papa François : une Église humble, ouverte, et tournée vers l’autre.


Quoiqu'il en soit, l'avenir de l'Eglise doit avoir un visage pluriel. 
Il ne se joue plus uniquement entre Rome et Paris, entre Madrid et Munich. Il s’écrit aussi à Kinshasa, Lagos, Manille ou Bogotá.


Le prochain conclave, qui se tiendra à compter du mercredi 7 mai 2025, pourrait-il consacrer ce changement ? 
Et si le prochain pape venait du Sud ? ce serait peut-être moins surprenant qu’il n’y paraît. Ce serait, peut-être, simplement juste.


Linda LIBAÏ
Correspondante Suisse



Publication : 05-2025

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