De Béhanzin (1844-1906) à Samory Touré (1835-1900) tout comme Omar Saïdou Tall dit El Hadj Omar (1797 -1864), ou Tat Dyor Diop (1842-1886) et bien d'autres non moins célèbres résistants à la domination coloniale française, Ranavalona III (1861-1917) fait partie de ces figures de résistants d'Afrique, où la conquête française s'est imposée par la force militaire.
Née le 22 novembre 1961 à Amparibe sur les hauts plateaux, la princesse Razafindrahety est descendante de la dynastie Merina, de caste Andriana.
Jeune veuve en 1883 à 22 ans, elle devient reine de Madagascar quelques mois plus tard, en succédant à sa tante la reine Ranavalona II sous le nom de Ranavalona III (Ranavalona - Mangaka III). Comme les deux reines qui l'ont précédé, Ranavalona I et Ranavalona II), elle épouse Rainilaiarivony qui est son premier ministre.
Mais son règne ne dure que du 13 juillet 1883 au 28 février 1897, soit 13 ans, 6 mois et 29 jours.
Victime des ruses diplomatiques et économiques de la France coloniale, le royaume de Madagascar alors sous l'égide de Ranavalona 1er va perdre son autorité dès 1885.
De ce fait, l'invasion de l'armée française s'opère en 1895, au détriment du non-respect du traité du 1er octobre de la même année qui stipulait la conservation du régime monarchique.
Le 18 janvier 1896, le nouveau gouverneur de l'île, Hippolyte Laroche, obtient de la reine Ranavalona III une déclaration reconnaissant de fait la « prise de possession » de Madagascar par la France. En métropole, l'Assemblée nationale et le gouvernement prononcent de façon unilatérale la transformation du royaume en colonie française.
La jeune reine est arrêtée dans la nuit du 28 février 1897 par le gouverneur général Joseph Gallieni, doté des pleins pouvoirs.
Le lendemain, la monarchie qui existait depuis 1897 et aux origines lointaines (royaume d'Emyrne du XVIeme siècle) est abolie.
C'est en pleurs que la reine quitte le palais royal pour un long voyage d'exil :
débarquée sur l'Ile de la Réunion avec quelques membres de la famille et une suite de fidèle, elle y séjournera près de deux années.
Puis ce sera Alger, via Marseille, qui sera son port d'attache.
A Alger elle a droit à une modeste pension, selon la volonté du gouverneur général Gallieni.
Depuis 1896, elle est veuve pour la seconde fois à 35 ans. En 1901, elle est admise pour la première fois à venir en France.
Entre 1903 et 1913, elle y séjourne régulièrement. Elle s'y fait des amis dans tout l'hexagone et des familles sont à sa dévotion pour lui rendre ses différents séjours agréables.
Ayant le goût de l'élégance et de la coquetterie, curieuse de tous contacts et de découvertes, elle n'est pas loin d'être adorée des français. A Paris, elle visite les lieux prestigieux, de Versailles à l'Opéra, le PalaisBourbon, le ministère des Colonies, acclamée, courtisée, photographiée et aussi caricaturée avec respect. Elle se rendra à Saint-Nazaire pour le lancement du paquebot France, à Longchamps pendant la revue du 14 juillet 1912.
Pendant l'exposition coloniale de Paris au Bois de Vincennes en 1907, elle y retrouve d'anciens musiciens de Tananarive.
Durant ses moments de vacances en France, dans une atmosphère frivole et solennelle, elle avoue un jour « Je suis heureuse ».
Néanmoins la dernière souveraine Ranavalona III surnommée la « petite reine aux yeux charmeurs et tristes » (*) ne reverra jamais de son vivant, sa terre natale.
Une fois de plus, sa requête de janvier 1910 est restée sans suite.
Quand survient la guerre de 1914-1918, le temps n'est plus aux vacances et aux loisirs.
Dans son exil à Alger, Ranavalona III reste loyale à la France.
Elle participe aux activités de la Croix Rouge, et la France, le pays qui l'a déchue du titre de Reine Malgache, lui remet la Grande croix de la Légion d'honneur.
Victime d'une embolie, la dernière reine de Madagascar, septième monarque dans la lignée, meurt le 23 mai 1917, à l'âge de 56 ans.
D'abord inhumée au cimetière Saint-Eugène à Alger, ce n'est que quelques années plus tard, en septembre 1938, que ses restes seront transférés dans un triple cercueil depuis Marseille jusqu'au port de Tamatave, par décret du ministre des Colonies Georges Mandel.
On lui consacra des funérailles solennelles le 30 octobre aux sons de la musique funèbre de Chopin.
Ranavalona III est enterrée dans le tombeau au palais des reines à Antananarivo.
Solo
Publication : 07-2018