Accueil » Culture » Histoire » La Destinée, au coeur de l'Afrique, l'aventure coloniale

La Destinée, au coeur de l'Afrique, l'aventure coloniale


Général Gallieni
Général Gallieni

Il fait partie des grandes figures qui ont contribué à l'empire colonial français. Evoquer sa mémoire, c'est se souvenir d'un passé commun entre la France et ses anciennes colonies, de l'Afrique à l'Indochine.

Gallieni rêve de l'Afrique et des îles lointaines que la France possède. Dans un premier temps de 1873 à 1876 il abordera l'île de la Réunion, promu lieutenant au deuxième Régiment d'Infanterie Ma le 25 avril 1873 ; il commence alors sa carrière coloniale à la Réunion.

De 1876 à 1882 l'Afrique l'attend, mystérieuse, il sera aux côtés des tirailleurs sénégalais ; le 20 décembre 1876 Gallieni embarque pour Dakar, plusieurs expéditions militaires et explorations sont montées, il est au seuil de la grande Afrique noire.

En 1878 il est promu capitaine.

Parcourant cette Afrique qui le marquera à jamais, il va entreprendre des reconnaissances de terrain, descendant le 30 janvier 1880 le fleuve Sénégal depuis Saint-Louis, il arrive à Bafoulabé, où au Mali, un traité est conclu entre les chefs locaux et établit un protectorat de la France.

Au Niger, Gallieni négocie avec le Sultan Ahmadou le traité de Nango accordant à la France le commerce du Haut-Niger et sera ratifié en 1881.

Le séjour de trois ans (1883-1886) en Martinique sera tout autre, deux faits marquant lui seront attribués : au cours d'une réception il aurait trop bu et aurait embrassé la femme du général.

Il sera rétrogradé comme sous-lieutenant.

Gallieni rédige le récit de son expédition « Voyage au Soudan ».

Cependant après son retour de Martinique en 1886 il est promu lieutenant-colonel, et reçoit, six mois plus tard, le 20 décembre, le commandement supérieur du Haut-Fleuve (Sénégal), ou du Soudan français (aujourd'hui le Mali).

En obtenant des succès aux dépens du Sultan Ahmadou, Gallieni fait consentir Samori à un traité abandonnant la rive gauche du Niger entre autres. Au cours de ce mandat en tant que gouverneur général du Soudan français entre 1886 à 1891 il devra réprimer une insurrection des autochtones, mais privilégie malgré tout la pacification.

Loin de l'Afrique noire, un autre horizon lointain est au rendez-vous de sa carrière militaire ; de retour en métropole, il sera nommé colonel le 11mars 1891, chef d'état-major du corps d'armée de la Marine et breveté d'état-major avec la mention < très bien >.

Il est envoyé au Tonkin (aujourd'hui Indochine).Durant ces quatre années (1892-1896) Gallieni commande la seconde division militaire du territoire militaire de Lang Son. Deux missions lui sont confiées, lutter contre des insurgés et des pirates chinois, et consolider la présence française en organisant l'administration du pays, le commandant Lyautey étant son principal adjoint. Il aura également comme autre mission de fixer la frontière entre le Tonkin et la Chine.

Madagascar 1896-1905

Après une expédition en 1895, la France avait établi son protectorat sur la grande île où une certaine anarchie y régnait.

Gallieni est alors promu général de brigade puis envoyé en août 1896 à Madagascar en tant que résident-général (Gouverneur général), il arrive à Tananarive, aujourd'hui Antananarivo, le 15 septembre 1896.

A la méthode diplomatique de son prédécesseur, le général M. Laroche, Gallieni va faire table rase des structures établies ; il y a des foyers de résistances, La cour royale, foyer de résistance patriotique contre l'impérialisme français est mise en déroute.

Le premier ministre Rainilaiarivony est renversé et condamné à l'exil, la nouvelle Reine Ranavalona III, prise en flagrant délit de correspondance avec les opposants à l'occupation est destituée de son trône et doit également prendre le chemin de l'exil, à Alger.

Deux ministres, dont la duplicité est constatée sont condamnés et exécutés.

Les zones d'insurrection sont réduites et c'est l'abolition de l'esclavage et de la féodalité.

Puis, commence la reconstruction, en huit ans de proconsulat et entouré d'officiers comme Lyautey qui l'a rejoint, Gallieni en républicain sourcilleux va développer l'éducation laïque qui comptera plus de vingt mille élèves au moment de son départ. La santé avec l'Institut Pasteur, l'administration, les transports, et les infrastructures routières.

Après neuf ans de gouvernance ferme et procédant à une colonisation effective, cette politique lui vaut le surnom de Jeneraly masiaka (le général cruel).

Selon des chiffres de l'époque sur une population de trois millions, plus 100.000 autochtones auraient disparu.

Il définit et met en œuvre une procédure d'identification en s'appuyant sur les thèses anthropologiques de l'époque, qui était constitué de fiches photographiques.

En se basant sur cette cartographie des races, il tente de découper les circonscriptions administratives même s'il respecte une relative prééminence aux Hovas, en reconnaissant  leur dialecte comme langue officielle à côté du français et en prévoyant leur accession à la nationalité française.

Le territoire est ainsi divisé en provinces, districts et cantons.

Malgré ses nombreux ennemis, quand il rentre en France le 13 mai 1905, Madagascar est une île unifiée et pacifiée. Il est alors, remplacé par Victor Augagneur, maire socialiste de la ville de Lyon.

Gallieni n'avait de cesse de transformer Madagascar en un Etat républicain et laïque sur les bases d'une gestion économique et autonome ; seul le futur général se heurta à l'immobilisme et à l'indifférence de la métropole mais aussi aux colons de tous bords, avides de pouvoir piller les richesses de la grande île.

La revanche

Le 9 août 1899, il est promu général de division, en juin 1906 il devient gouverneur militaire de Lyon et le 7 août 1908 est appelé au Conseil supérieur de la guerre (CSG).

Il reçoit également la présidence du Comité consultatif de défense des colonies.

A 59 ans, Gallieni souhaite prendre sa retraite, à l'heure où il est proposé pour devenir commandant en chef de l'armée française en 1911. Il décline l'offre en faveur de Joseph Joffre.

Finalement, en évoquant son âge et sasanté , il prendra sa retraite en avril 1914.

Mais des bruits de bottes se font entendre à l'est de la France, l'Allemagne est en cours de préparatifs d'une attaque imminente, Jean Jaurès appelle à la paix en vain. Le 1er août 1914, Ordre de mobilisation général en Allemagne et en France, tout s'accélère, et le 3 août c'est la déclaration de guerre de l'Allemagne à la France. Du 19 au 23 août, l'armée française lance une offensive en Lorraine, c'est la bataille des frontières, l'une des plus meurtrière avec plus de 25.000 morts. Le 26 août 1914, Gallieni est nommé gouverneur militaire de la ville de Paris et d'assurer la défense de Paris, le 3 septembre les troupes allemandes sont à 40 Km de Paris, le gouvernement quitte en catastrophe la capitale pour s'installer à Bordeaux.

Depuis son quartier général de commandement dans l'enceinte du collège Victor Duruy Paris 7ème,Gallieni organise le Camp retranché de Paris et va rassurer les parisiens :

« J'ai reçu le mandat de défendre Paris contre l'envahisseur ; ce mandat je le remplirai jusqu'au bout».

Le général Maunoury dirige la VI Armée et converge sur la Marne et l'Ourcq rapidement débordés, entre le 6 et 8 septembre.

Gallieni envoie du renfort en réquisitionnant les quelques 1300 taxis autos parisiens qui seront désignés comme les "Taxis de la Bataille de la Marne " et près de 5000 hommes mobilisables. La gare de l'Est verra 7000 soldats supplémentaires de la 7éme Division d'infanterie (101éme et 102 Régiment d'infanterie) et c'est la victoire de la Marne ; l'ennemi est repoussé.

Nul doute que le général Gallieni a répondu avec éclat à ses fonctions de commandant du Camp retranché de Paris.

Il est nommé ministre de la Guerre du gouvernement d'Aristide Briand en 1915, mais démissionne pour cause d'incompatibilité avec le monde politique et la méfiance des militaires. Le 27 mai 1916, le général Gallieni meurt à 67 ans des suites d'une intervention chirurgicale dans une clinique de Versailles.

Des funérailles nationales sont organisées, c'est "la reconnaissance émue de tout un peuple".

Des Invalides à la gare de Lyon, tout un peuple salue le défenseur de Paris.

Le corps est reçu par le haut personnel de la Compagnie du P L M, placé dans un fourgon qui l'emmènera à Saint-Raphaël dans un caveau de famille selon ses volontés.

"Votre œuvre était achevée : la gloire n'a pas voulu attendre ... " tel sera l'éloge funèbre prononcé par M. Milhouard, président du Conseil municipal.

Il fut élevé à la dignité de maréchal de France, à titre posthume, le 7 mai 1921.


Claude Gallex


Publication : 09-2016

Fil info

12-2023  : Interview de Francophonie Actualités 12-2023  : Percée de l'économie vietnamienne, réforme pour surmonter les difficultés 12-2023  : Vietnam - France: vers des relations plus étroites et plus efficaces 07-2023  : Le monde fascinant des mines : enjeu stratégique mondial 02-2023  : La retraite et le mirage .