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Où va le cinéma africain ?


Alain Gomis (centre) rȩcoit son prix des mains des pŕesidents ivoirien et burkinab̀e.
Alain Gomis (centre) rȩcoit son prix des mains des pŕesidents ivoirien et burkinab̀e.

Pour la première fois dans l’histoire du Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision d’Ouagadougou (Fespaco), deux chefs d’Etat ont remis cette année le prix du Grand Prix du

festival.

Le 4 mars 2017 au Palais des Sports de Ouaga-2000 en apothéose de la 25 ème édition du Fespaco qui s’est déroulé à Ouagadougou (capitale de Burkina Faso), le sénégalais Alain Formose Gomis a reçu l’Etalon d’Or d’Yennenga des propres mains des Roch Christian Kaboré et Alassane Ouattara, président respectif de Burkina Faso et de Côte d’Ivoire.

La volonté des dirigeants africains de donner importance à cette biennale du septième art africain initié en 1969 se manifeste. Mais l’on s’interroge tout de même sur l’avenir du cinéma africain.

Au festival de Cannes de 2016, aucun réalisateur africain n’était en compétition de films de long-métrages.

La burkinabé Suzanne Kourouma, directrice du Marché International du Cinéma et de la télévision Africains (Mica) devait dire que le cinéma n’est pas un clip : « C’est vrai qu’ils (ndlr : les jeunes réalisateurs) ont la volonté, mais il ne faut pas sauter les étapes..

Il y a des règles qu’il faut respecter.

Quand tu veux être compétitif et que votre film soit lisible, il faut que cette œuvre respecte des règles. (…) ».

Le Mica, un pôle industriel et économique du Fespaco a vu juste organiser des rencontres sur le thème de « Formation et métiers du cinéma et de l’audiovisuel ».

La boutade d’un cinéaste malgache, feu Benoît Ramampy –premier réalisateur de Madagascar primé au Fespaco – d’il y a dix ans est dommage d’actualité : « Penser au cinéma africain, ce n’est pas seulement à la culture mais à des réalités multiples, du développement de tournage à la production !

C’est surtout avec pugnacité et militantisme qu’on réussisse à s’imposer d’exister.

Il faut être un cinéaste hurleur ! »

Le lauréat, Alain Gomis, reconnaît luimême que « le cinéma africain est en danger.

On parle de moins en moins de culture et de plus en plus de commerce.

L’arrivée des grands opérateurs nous aide, mais (…) il faut lutter pour notre indépendance ».

Et lui de se tourner aux jeunes : « je tends les mains, créer de ponts avec la nouvelle génération (…) pour qu’ils ne baissent pas les bras ».

Le tour d’horizon de l’environnement remette aussi en question le devenir du Fonds panafricain pour le cinéma et l’audiovisuel (Fpca), si cher au malien Cheik Omar Sissoko, devenu en 2007 … ministre de la Culture de son pays.

Et qu’en est-il du prix d’entrée au festival ?

Pour le président du jury du Grand Prix, le marocain Nourredine Sail, les pistes de solutions pour la sauvegarde du cinéma africain existent, et ce sont aux professionnels du secteur de se mobiliser.

L’Afrique doit donc avoir sa propre industrie cinématographique.

Il importe que les cinéastes africains aient leurs propres moyens de réaliser des films et aient accès à leurs propres créations.

En ce sens, il n’est pas encore tard de tirer la sonnette d’alarme à nos décideurs.

Car, le développement du septième art en Afrique est plus qu’une question politique.

Avisons aux politiciens, décideurs du continent que le cinéma est aussi une industrie. Il faut donc disposer d’une politique publique du cinéma digne de ce nom.

En fait, un film c’est toute une chaîne, allant dès producteurs aux acteurs en passant aux techniciens, distributeurs et comédiens.

Bref, c’est créateur d’emplois et de chiffres d’affaires et de surcroît un facteur de développement.

Environ 1.000 films ont été présentés à la sélection de cette édition de Fespaco et 150 ont été retenus dont 20 pour le Grand Prix, issus de 15 pays africains. Ce qui présente une hausse de 30 % par rapport au festival de 2015.

Et beaucoup d’organisations ont accompagné la réalisation de cette compétition, pour ne citer que l’’Organisation Internationale de la Francophonie (Oif) , Canal +, TV 5, l’Union européenne, l’Acp.

Prochain rendez-vous : à Ouagadougou, du 23 février au 2 mars 2019 !


James Ramarosaona


Publication : 07-2017

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