C’est une page qui se tourne : Klaus Schwab, le très emblématique
fondateur du Forum économique mondial (WEF), a annoncé son départ des
fonctions exécutives de l’organisation qu’il a créée en 1971.
À 86 ans,
il laissera officiellement la présidence exécutive en janvier 2025, dans
ce qui est présenté comme une "transition naturelle" vers un nouveau
modèle de gouvernance.
Mais derrière cette annonce très soignée,
le timing intrigue.
Car depuis quelques mois, les casseroles
s’accumulent autour du Forum de Davos et de son patriarche.
Accusations de climat toxique
Des témoignages d’anciens employés dénoncent un environnement de travail jugé "toxique", élitiste, avec des cas de discrimination raciale, de sexisme et de harcèlement passés sous silence.
L’ambiance interne, loin des idéaux de coopération mondiale affichés en façade, aurait été marquée par une gestion autoritaire et un cercle très fermé de fidèles autour de Schwab.
Une plainte explosive
Une ex-employée américaine a récemment déposé plainte contre le WEF et Klaus Schwab en personne, les accusant de discrimination liée à la grossesse, de racisme systémique, et de pratiques RH discriminatoires.
Une affaire encore en cours, mais qui jette une ombre sur l’image d’un leader censé incarner le progrès et l’inclusion.
Une démission "stratégique" ?
Officiellement, Schwab part pour moderniser l’institution.
Officieusement, beaucoup y voient une manœuvre pour s’éclipser avant que le scandale ne prenne trop d’ampleur.
Le WEF, déjà critiqué pour son opacité, son favoritisme envers les grandes multinationales et son influence controversée sur les politiques publiques, pourrait chercher à se refaire une image sans son fondateur omniprésent.
Et après ?
C’est Peter Brabeck-Letmathe, ancien patron de Nestlé, qui assurera l’intérim.
Mais l’avenir du WEF reste incertain : pourrait-il redevenir un véritable espace de dialogue, ou restera-t-il un club fermé pour l’élite mondiale ?
Par Linda LIBAI, correspondante à Genève
Publication : 04-2025