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Forêts d'Afrique Centrale entre préservation et exploitation


Roger Mbassa Ndine Maire de la ville de Douala
Roger Mbassa Ndine Maire de la ville de Douala

La ville de Paris sous la conduite de son Maire Anne Hidalgo, par ailleurs candidate du parti socialiste à prochaine élection présidentielle française de 2022, a réuni le 6 octobre dernier, les pays du bassin du Congo autour de "l'initiative de Paris pour la forêt d'Afrique centrale".


L'enjeu de cette rencontre est de sauver ce bien public mondial qu'est le bassin du Congo ; ce gigantesque puits de carbone qui subit de fortes pressions à cause de l'extension des zones urbaines sur la forêt, et à cause des exploitations d'industries forestières et extractives qui ne cessent de croître.

A quelques semaines de la conférence des Nations Unis sur le climat qui se tiendra à Glasgow en Ecosse, le regard des défenseurs de l'environnement est braqué sur la République Démocratique du Congo qui possède plus de 60% du massif qui s'étend du Cameroun à l'ouest, jusqu'au Rwanda à l'est.

"Nous sommes à la veille d'un échec historique dans la protection d'une des plus grandes forêts tropicales du monde, et peut-être la dernière servant encore de puits de carbone" a alerté Je Eisen, directeur de Rainforest Foundation UK.

La RDC, avec une population estimée à 90 millions d'habitants a perdu 20% de ses forêts humides en trente ans.

Quasiment autant que le Brésil.

Dans les pays voisins où la pression démographique est moindre, la déforestation n'a pas suivi le même cours.

Au Gabon, 2 millions d'habitants et 267000 km2 recouvert à près de 90% de forêts, la perte de couvert forestier est estimée à 2,5% sur la même période.

Contrairement à l'Amazonie convertie en champs de soja ou en pâturages, ou l'Indonésie, paradis du palmier à huile, l'exploitation forestière et les cultures industrielles ne sont pas ici les principaux moteurs de la déforestation.

L'agriculture itinérante sur brûlis, dont dépendent des millions de paysans et le charbon de bois, qui reste pour l'immense majorité la seule source d'énergie, en sont bien d'avantage la cause.

Ce qui a conduit à parler d'une "déforestation de la pauvreté ".

Avec des degrés d'ambition divers, tous les pays d'Afrique centrale ont pris des engagements pour protéger leurs forêts dans le cadre de l'Accord de Paris sur le climat.

L'enjeu pour contenir le réchauffement planétaire en dessous de 1.5°C d'ici à la fin du siècle est majeur.

Le massif forestier du bassin du Congo et ses tourbières représente un stock de CO2 équivalent à environ dix années d'émission mondiale.

Les pays industrialisés, qui portent la responsabilité historique du dérèglement climatique, continuent pourtant de se montrer réticents à mobiliser

l'argent nécessaire à la mise en œuvre de ces engagements clairement conditionnés à des financements internationaux par les gouvernements

africains.

La persistance dans cette région du continent de régimes bafouant les droits humains et/ou peu scrupuleux dans la gestion des deniers publics ne les y encourage pas.

Le nouvel accord financier que s'apprêtent à signer les bailleurs de fonds réunis au sein de l'initiative pour la forêt d'Afrique centrale avec la RDC permettra-t-il de sortir de cette impasse ?



@Philippe NGAMOU


Publication : 10-2021

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